L’agro-industrie : une machine à gaspiller la nourriture !

Samedi matin, le collectif Bretagne Contre Les Fermes Usines a stoppé un train de marchandises et déversé son contenu destiné à alimenter l’élevage agro-industriel hors-sol.

Le collectif revient ici sur l’action réalisée.

Crédit photo : @san_derrierelemiroir

Le blé contenu dans les wagons et déversé n’aurait pas nourri des hommes et des femmes. Pour 7 tonnes de nourriture injectée dans le système d’élevage intensif une seule arrive dans l’alimentation humaine.

Et le gaspillage ne s’arrête pas là.

Presque 1/4 de la nourriture produite par ce système est perdue, gaspillée dans les transports, le stockage, ou dans les poubelles des consommateurs. En réalité, l’agro-industrie produit moins de 10 % de l’alimentation mondiale mais s’est pourtant accaparée les 3/4 des terres cultivées. C’est très cynique de prétendre nourrir le monde en détruisant la capacité pour des millions de petits paysans de produire de la nourriture … C’est un scandale !

A l’échelle mondiale, l’agriculture industrielle produit seulement 1/3 de la production agricole totale et en destine la moitié à l’alimentation animale. L’agriculture industrielle productiviste est majoritairement tournée vers le marché d’aliments pour animaux, d’agrocarburants et d’ingrédients industriels pour les produits transformés. La logique du produire plus avec ce système ne fait pas reculer la faim dans le monde depuis 60 ans que ce modèle existe. Ce modèle de production agricole industriel est un échec. 1 français sur 10 est contraint, parfois de façon humiliante, de s’adresser à l’aide alimentaire, 26 millions de français et de françaises déclarent ne pas avoir les moyens de manger comme ils et elles le souhaitent.

Notre action dévoile ce gigantesque gâchis opéré en Europe. Le gaspillage de l’agro-industrie représente en quantité la moitié des exportations ukrainiennes. Rien qu’au mois de Janvier 2022, 134.000 de tonnes de blé ont été utilisées en Bretagne. Les 1500 tonnes qui ne sont pas rentrées dans cette usine n’en sont qu’une fraction (1% du volume mensuel). De plus, pour être consommé par les animaux d’élevage, ce blé doit nécessairement être associé en ration avec une matière riche en protéines : le soja, massivement importé d’Amérique du Sud.

Il faut réduire le gaspillage systémique de l’agro-industrie.

Stépĥane Foucard, Le Monde, 18 mars.

L’élevage industriel est un modèle coûteux : il engendre une très forte dépendance aux intrants extérieurs, notamment pour l’alimentation animale ; d’où une situation économique catastrophique pour beaucoup d’éleveurs engagés dans ce modèle industriel. Il faut stopper la concentration des élevages. Arrêtons de mener dans le mur tout un pan de l’agriculture française, dépendante des marchés mondiaux import et export, sous perfusion d’aides publiques à chaque crise et sans conditions. Crises qui ont des conséquences sanitaires graves. Cette année encore, des volaillers ont été contraints d’abattre des millions d’animaux sains à titre préventif pour tenter d’enrayer une épidémie de grippe aviaire.

Il faut réduire la quantité d’animaux dans les élevages.

Nous demandons des mesures de soutien aux éleveurs et éleveuses dépendantes de l’alimentation animale importée, assorties d’un plan de désendettement et de dés-intensification des unités de production industrielle hors-sol.

Nous demandons aussi à relocaliser les productions.

Le modèle agro-industriel et son porte parole la FNSEA, syndicat agricole majoritaire parlent sans cesse de souveraineté alimentaire, mais la souveraineté alimentaire commence d’abord par produire en se basant sur les ressources locales et non dépendre massivement des importations, qu’il s’agisse de céréales, protéagineux, engrais et pesticides de synthèse, hydrocarbures.

La faim dans le monde aujourd’hui est liée à 3 facteurs : les guerres, la crise climatique et les injustices sociales. Face à cela, il faut stopper la spéculation sur les céréales qui fait que les gens n’ont plus assez d’argent pour acheter la nourriture de base. Les supermarchés sont pleins mais, à cause de la spéculation éhontée, les gens ne peuvent plus l’acheter. La crise du covid et la crise de la guerre en Ukraine montrent à quel point ce système de production est fragile par ses dépendances au sein d’un marché mondialisé. La difficulté des pays du sud à s’approvisionner en temps de crise n’est pas dûe à la quantité de nourriture mais bien au cours des prix qui dépendent des marchés mondialisés.

Produire … toujours plus. Lorsque les cours des céréales sont au plus bas il faut produire pour éviter la ruine, lorsqu’ils sont hauts il faut produire pour se remplir les poches.

Pour l’agro-business, il n’est pas question de solidarité internationale pour les pays importateurs en difficulté.

Il est urgent de passer à une agriculture écologique plus autonome en terme de fertilité des sols et réduire la dépendance aux engrais de synthèse et aux pesticides. De nombreuses organisations, citoyens et citoyennes réclament ce changement depuis des décennies. Malheureusement, les représentations institutionnelles dysfonctionnent au point de faire face à des blocages démocratiques. Cela nous pousse à l’action. Il faut stopper la spéculation sur les céréales qui fait que les gens n’ont plus assez d’argent pour acheter la nourriture de base. Les supermarchés sont pleins mais, à cause de la spéculation éhontée, les gens ne peuvent plus acheter leur nourriture.

Face à cela, nous défendons un modèle agricole robuste, relocalisé, qui est celui qui a fait ses preuves pour nourrir les populations. Les petits paysans et paysannes s’appuient sur une agriculture diversifiée, qui mélange petit élevage et cultures végétales. C’est ce que l’on défend. Contre les spéculateurs et l’agro-industrie mondialisée !

Nous voulons un soutien aux actifs agricoles et favoriser l’emploi paysan. La Politique Agricole Commune a les moyens de le faire. Il faut aider les éleveurs et les éleveuses à changer de modèle, pas les asservir. Les attentes sociétales vont dans ce sens.