Lettre Ouverte – Lutte Pour l’Abandon des Fermes Usines et la mise à Terre d’un système agro-industriel Hors-sol

Bretagne, samedi 19 mars 2022.

Aujourd’hui, des militants et des militantes du collectif Bretagne contre les fermes-usines défendant une terre vivante, accueillante et nourricière se sont coordonnés pour exprimer, par une action non-violente, un message d’alerte : le système agro-industriel hors-sol va droit dans le mur, nous devons le mettre à terre

Par cette action s’inscrivant dans le cadre de la désobéissance civile, ils et elles appellent les entreprises et les pouvoirs publics à mettre en place de toute urgence un modèle agro-écologique social et paysan. Cette action a pour but d’exhorter l’entreprise SANDERS, son groupe AVRIL et à travers elles, toutes les entreprises de l’agro-business et les pouvoirs publics à changer de pratiques afin de préserver l’intérêt général. 

En effet :

  • La vision productiviste, financière et technologiste de l’agro-industrie nous a mené au climat mortifère qui règne aujourd’hui dans le secteur agricole. Les premières victimes en sont les éleveurs et les éleveuses piégées par le surendettement qui les poussent à l’intensification, par le mécanisme injuste des contrats d’intégration. Les coupables sont les industriels et les coopératives agricoles. 
  • L’alimentation envisagée comme une variable du marché capitaliste mondialisé à la recherche de rentabilité financière est un modèle destructeur et massivement rejeté : la production de viande à échelle industrielle au sein d’usines où l’animal et l’humain ne sont que ressources et des variables d’ajustement est inacceptable d’un point de vue éthique.
  • Les dégâts multiples et irréparables infligés à l’environnement sont une provocation face à l’urgence sociale et climatique. On parle, pour n’en citer que quelques-uns, de la pollution aux nitrates et aux pesticides, de la pollution aux médicaments, de l’utilisation des OGM, de l’artificialisation des terres, des émissions de gaz à effet de serre, d’ammoniac, des transports insensés pour sous-traitances délocalisées, déforestation importée, effondrement du vivant …
  • Le système d’import/export sur lequel repose l’agro-industrie détruit des populations aux quatre coins du monde, fragilisées par la destruction de leurs cultures vivrières créant des dépendances alimentaires extrêmes et mortifères. 

Les maillons de la filière agro-industrielle française et bretonne, à savoir les grandes coopératives agricoles, les groupes d’alimentation auxquelles ils appartiennent, les grandes entreprises semencières et phyto-sanitaires, la grande distribution, mais aussi les élus, responsables des pouvoirs publics doivent faire face à leurs responsabilités.

La victoire juridique des opposants au poulailler de Langoëlan nous a montré qu’un préfet pouvait prendre des décisions mal avisées et que les intérêts économiques d’une poignée de personnes pouvaient passer avant l’intérêt de la population et du territoire.

Interpeller l’entreprise SANDERS il y a un an n’aura pas ouvert de dialogue ni occasionné un changement significatif dans les pratiques de l’entreprise.

Ainsi, considérant que :

  • Des experts du secteur agro-alimentaire et des citoyens et citoyennes consultés, au sein par exemple de la Convention citoyenne pour le climat, prônent une restructuration de l’élevage et un tournant vers une production majoritairement agro-écologique dès aujourd’hui. (50% des exploitations en agro-écologie en 2040)
  • Les pratiques de lobbying de la part de l’agro-industrie sont monnaie courante et que leur poids économique leur attire la complaisance des pouvoirs publics
  • Les moyens engagés pour mettre la pression sur des journalistes ou des agriculteurs relèvent davantage d’un système mafieux que d’une coopérative agricole
  • Le changement de modèle de société et de modèle agricole ne semble pas être au programme au regard de la nouvelle PAC par exemple ou des déclarations du Salon de l’Agriculture 2022
  • Qu’il devient urgent d’accéder aux revendications du front agro-écologique, social et paysan à l’œuvre en Bretagne car le changement doit advenir vite (Rapport du Giec)/

Nous avons choisi de nous engager dans la lutte pour une agriculture paysanne, vivante, agro-écologique, territorialisée, créatrice d’emplois et rémunératrice. Nous nous engagerons, par de multiples moyens décrits dans la Charte Pour l’Abandon des Fermes Usines, pour que ce système destructeur disparaisse et pour qu’éclose une véritable agriculture nourricière, joyeuse et vivante, respectueuse du vivant.  Nous interpellerons nos élus, mèneront des campagnes, désobéirons de manière non-violente.

Nous appelons aussi toutes les personnes et les organisations à nous rejoindre, à nous faire part de leur reconnaissance de la charte pour l’abandon des fermes-usines en bretagne, et à apporter un soutien à cette action qui prône une agriculture paysanne agro-écologique et territorialisée.
Par exemple, en relayant ce qu’il se passe aujourd’hui auprès de leur communauté et sur internet. 

Si vous voulez soutenir financièrement cette lutte et nous permettre de couvrir les frais de cette action et des futures. www.leetchi.com/c/operation-yakari

Radicalement solidaires et engagé.e.s,

Le Collectif Bretagne contre les Fermes Usines